Deuxième jour de la grève clandestine des conducteurs de train de Stockholm

Hier, nous vous avons parlé de la grève clandestine des conducteurs de train du réseau suburbain de Stockholm, exploité par la société privée MTR. Entre-temps, les dernières heures du deuxième jour de grève ont commencé et de nombreuses informations nous sont parvenues, que nous rassemblons dans un deuxième article.

Par un accompagnateur de train

Négociations collectives et limitations des syndicats

Nous avons déjà écrit que la convention collective actuelle est sur le point d’expirer. Les négociations collectives dans le secteur ont apparemment déjà commencé. Lors du piquet de grève, on s’est inquiété du fait que les syndicats ne prennent pas suffisamment au sérieux les revendications des conducteurs de train. L’action déterminée et le soutien massif du public montrent que le maintien des conducteurs de train dans un rôle de sécurité est une préoccupation majeure que les dirigeants syndicaux ne devraient pas négliger à la table des négociations.

Le fait que les syndicats ne soient pas autorisés à organiser une grève pour le moment, et qu’ils doivent même essayer d’y mettre fin s’ils ne veulent pas être condamnés à payer d’énormes dommages-intérêts, risque d’assombrir les relations. Le comité des grévistes souligne que Seko et ST soutiennent effectivement la grève mais sont liés par la législation. Les grévistes étaient préparés à des déclarations désapprobatrices des syndicats dans la presse. Un représentant de Seko a déclaré par voie de presse que la grève compliquait les négociations en cours. Dès le début, le comité de grève a déconseillé aux représentants syndicaux de participer à la grève, car cela pouvait gravement nuire à leur syndicat. La base juridique en question est l’article 42, deuxième paragraphe, relatif à la participation sur le lieu de travail : « une organisation qui est elle-même liée par une convention collective est tenue, si une action de grève illégale d’un membre est imminente ou en cours, d’essayer d’empêcher ou de faire cesser cette action« . Le comité de grève a une nouvelle fois rappelé aux grévistes qu’ils devaient garder tout cela à l’esprit lorsqu’ils recevraient un appel téléphonique de leur représentant syndical élu.

L’absence de chef de bord accroît la pression sur le conducteur

Outre le fait que les conducteurs de train doivent désormais faire les annonces eux-mêmes, on attend d’eux qu’ils surveillent la situation dans les voitures à l’aide d’écrans. Selon la source, cela concerne des trains comptant jusqu’à 1 700 passagers.

Economies

En attendant, nous avons découvert que la suppression de l’accompagnateur de train devrait permettre d’économiser 150 millions de couronnes par an. Soit 13,2 millions d’euros.

Retour de bâton, intimidation et répression

La direction et le gouvernement tentent de limiter l’impact de la grève.

Des pressions sont exercées sur les grévistes à titre individuel. Le comité des grévistes a conseillé à chacun d’éteindre son ordinateur et de ne pas s’endormir sur ses courriels. MTR a décidé que les certificats médicaux seraient obligatoires dès le premier jour, ce qui n’est pas la procédure habituelle. Il y a un peu plus de malades que d’habitude. Le comité de grève s’y attendait et a demandé aux malades de prendre immédiatement des dispositions pour obtenir un certificat médical. La direction agit ainsi sous prétexte que les vrais malades n’auront pas à se méfier.

La Länstrafik (SL) de Stockholm met en place des bus pour acheminer les navetteurs de la périphérie vers le métro. Mais il est impossible de tout prendre en charge : un train nécessite 25 bus. Les journaux locaux parlent de 368 000, voire 400 000 navetteurs par jour. Or, on ne défait pas de sitôt une grève déterminée et bien suivie. Le premier jour, 80 % des trains ne circulaient pas.

Le métro de Stockholm est également exploité par MTR. Les conducteurs de métro arrivant en retard au travail en raison de la grève sur le réseau suburbain ont été informés qu’ils devaient s’attendre à des déductions de salaire. Il s’agit pourtant du même employeur !

Comme prévu, certains grévistes ont été traduits devant le tribunal du travail. Tant que le tribunal ne les oblige pas à se rendre au travail, ils continueront. Comme nous l’avons déjà mentionné, un licenciement pour avoir participé à une grève interdite par le tribunal est possible.

La grève ne tombe pas du ciel

Depuis deux ans, le personnel proteste contre la suppression du chef de bord. La direction et les responsables politiques ont mis de côté toutes les objections relatives à la sécurité, à la charge de travail, au service et à l’emploi. Le nouveau conseil régional n’est pas revenu sur la décision de ses prédécesseurs et, en mars, la suppression progressive du poste de chef de train a commencé. Selon les sources, il reste encore 300 ou 350 agents de train. Depuis le mois de mars, la moitié des trains auraient déjà circulé sans chef de train. MTR avait prévu que jusqu’à 17 % des trains ne circuleraient temporairement pas en raison de problèmes liés au retrait progressif. En pratique, au cours des deux premières semaines, jusqu’à la moitié des trains n’ont pas circulé, principalement à cause des conducteurs qui, à juste titre, se sentaient incapables de conduire en toute sécurité. Par la suite, la direction a augmenté les arrêts calculés à un quart. Les choses sont donc loin d’aller comme sur des roulettes. Vendredi dernier, la résistance a atteint son sommet : lors d’une réunion à laquelle ont participé 150 conducteurs de train la décision a été prise de tout arrêter très tôt hier matin.

Solidarité

À la fin du premier jour de grève, près de 850 000 couronnes avaient déjà été collectées pour le fonds des grévistes. Cela représente environ 74 800 euros. Rappelons que les grévistes risquent une amende de 3 000 couronnes, soit 264 euros. Cet argent représente l’équivalent de 283 amendes. Le nombre le plus élevé de grévistes dont nous avons entendu parler lundi soir était de plus de 200, voire plus. Tout le monde n’était pas censé travailler ce jour-là, par exemple. Mais cela signifie que toutes les amendes pourront être payées et qu’il restera même un peu d’argent pour les frais de justice et la compensation des pertes de salaire.

Entre-temps, nous avons appris que le soutien au fonds de grève avait atteint 1,3 million de couronnes, soit 114 400 euros, en fin d’après-midi du deuxième jour de grève. C’est l’expression de l’immense solidarité entre les navetteurs et les autres travailleurs.

De nombreux messages de solidarité internationale ont été envoyés par des syndicalistes et des délégations syndicales. Notamment de Belgique, des États-Unis, du Brésil, du Royaume-Uni et d’Afrique du Sud.