Tout notre soutien à grève des conducteurs de train suédois !

Grève du réseau suburbain de Stockholm

Ce matin à 3 heures, les conducteurs de train du réseau de banlieue de Stockholm ont entamé une grève sauvage. Ces lignes sont exploitées par l’opérateur privé MTR, mais sont financées par des fonds publics. MTR est basé à Hong Kong mais contrôlé par la Chine. La société exploite également le métro de Stockholm. L’enjeu de la grève est de conserver l’accompagnateur de train. Les trains longue distance sont gérés par les chemins de fer nationaux et des opérateurs privés. Ils ne sont pas impliqués dans le conflit.

Par un accompagnateur de train

Depuis deux ans, le personnel de MTR mène toutes sortes d’actions pour conserver les quelque 300 agents de bord. Les grévistes mettent en avant la sécurité, le service et l’emploi. Ils dénoncent également l’augmentation de la charge de travail des chefs de train. Pour la direction de MTR, tout cela doit céder le pas à la maximisation des profits. Il est grand temps de reprendre les choses en main !

Le comité de grève organise une grève clandestine

Des actions contre les trains sans chefs de bord sont organisées depuis un certain temps, mais ce matin, elles ont abouti à un arrêt de travail de trois jours. Cette décision a été prise collectivement lors d’une réunion de 150 conducteurs de train vendredi dernier.

Le droit de grève est inscrit dans la constitution suédoise. Mais d’autres textes législatifs stipulent que les grèves sont interdites pendant la durée d’une convention collective. C’est l’une des raisons pour lesquelles aucun des syndicats ferroviaires n’a appelé à la grève. Un syndicat qui organiserait une grève pendant la durée d’une convention collective serait très probablement condamné à une amende de plusieurs millions de dollars. Les « grévistes sauvages » ne peuvent pas être licenciés pour avoir participé à une grève illégale. Ils risquent cependant une amende de 3 000 couronnes suédoises, soit 264 euros. En outre, ils subissent une perte de salaire. Il ne serait pas non plus possible que les syndicats reconnaissent la grève et versent des indemnités aux grévistes. C’est pourquoi un fonds de solidarité a été créé en coopération avec Förbundet Arbetarsolidaritet et la grève est organisée par un comité de grévistes composé d’employés des chemins de fer sans statut syndical. La grève est bien organisée. Il y a eu une communication claire sur leurs droits, les amendes probables, l’interdiction éventuelle de la grève, la manière d’arrêter le travail (chacun a une heure de début et de fin différente)… Les grévistes sont sur le piquet de grève aux heures de travail prévues et discutent de la situation tous les jours.

Non aux trains sans accompagnateur !

Environ un tiers des trains de la MTR circulent déjà sans accompagnateur. Les accompagnateurs seront remplacés par des caméras ! Ils ne seront pas licenciés, mais affectés à un autre poste. Par exemple, celui de nettoyeur ou de sous-chef de gare. Mais beaucoup abandonnent parce qu’ils sont traités comme de la merde et n’ont aucune perspectives d’avenir. Certains dépriment et restent chez eux, malades. Cette situation a affaibli la position et l’influence des chefs de train. En fait, les trains peuvent circuler sans chef de train. S’ils faisaient grève aujourd’hui à la place des conducteurs de train, il y aurait de fortes chances que les trains continuent à circuler. Bien sûr, il y a de nombreux conducteurs de train qui refusent de partir sans accompagnateur. Ce sont donc les conducteurs de train qui sont en grève.

Choix politique

En 2021, l’exécutif régional du Moderaterna (Parti conservateur), du Parti du centre, des Démocrates chrétiens, des Libéraux et du parti écologiste (Miljöpartiet de gröna) a décidé de supprimer la présence d’un accompagnateur de train dans chaque train de banlieue. Lors de la campagne électorale de l’année dernière, les sociaux-démocrates ont promis de revenir sur cette décision. Pourtant, le nouveau gouvernement minoritaire du parti social-démocrate (Socialdemokraterna) et du parti écologiste (Miljöpartiet de gröna), toléré par le parti de gauche (Vänsterpartiet), a donné son feu vert en mars de cette année à la suppression du chef de bord. Le Vänsterpartiet devrait menacer de retirer son soutien à ce gouvernement.

Bon suivi et sympathie des navetteurs

Jusqu’à présent, la grève a été un grand succès. 150 à 200 conducteurs y participent et 80 % des trains ont été annulés. Le soutien du public est important, malgré les difficultés rencontrées par beaucoup pour se rendre au travail.

Piquet à Stockholm

Quelles suites ?

Il est possible que le tribunal du travail interdise la grève. Dans ce cas, il est possible de licencier les grévistes qui refusent alors de travailler.

Dans quelques semaines, la convention collective actuelle expirera. Cela offre la possibilité de lancer un appel à une grève reconnue. Le syndicat ferroviaire Seko devrait les saisir, tant en ce qui concerne les négociations salariales que la revendication qui concerne la fonction de sécurité du chef de bord. Le comité de grève montre la voie à suivre. La direction du syndicat doit s’en inspirer et organiser des réunions du personnel pour préparer les grèves. Entre-temps, une manifestation devrait être organisée avec les cheminots et les navetteurs pour montrer le soutien massif qui existe.

Rättvisepartiet Socialisterna, la section suédoise de l’Alternative socialiste internationale, prône des syndicats démocratiques et combatifs, réclame le droit de grève et insiste pour que les accords préliminaires soient d’abord soumis au vote des syndiqués. Et, bien sûr, le parti exige que MTR soit expulsé et que le trafic ferroviaire soit repris en main par les pouvoirs publics.

Qu’en est-il pour nous ?

En Belgique, nous avons également dû faire face à des attaques contre la fonction d’accompagnateur de train. La dernière tentative sérieuse remonte à 2015. Le CEO et la ministre des transports de l’époque, Cornu et Galant, ont alors utilisé ce que l’on appelle le « One Man Car » pour s’attaquer à la fonction de sécurité du chef de bord. Le One Man Car faisait partie du plan Galant. Ce plan prévoyait une réduction progressive de la dotation. Au bout de cinq ans, nous avons dû nous contenter de 21 % de moins. Et cinq années de suite, la productivité devait être augmentée de 4 %. Les syndicats cheminots ont réagi à ce plan d’économies par une bonne campagne de sensibilisation auprès du personnel et des usagers des transports publics. Finalement, le plan Galant a également fait l’objet d’une grève. Tout n’a pas pu être évité, mais la One Man Car a été mise de côté. Le fait qu’Infrabel n’ait pas voulu payer les nombreuses caméras nécessaires sur les quais a également joué un rôle.

Tôt ou tard, les trains sans accompagnateurs à la SNCB seront à nouveau sur la table. La pénurie de personnel d’accompagnement des trains dure depuis cinq ans. L’argument selon lequel il sera possible de donner des congés si l’on n’exige pas d’accompagnateur à bord de chaque train pourrait bien faire tache d’huile. Bien sûr, ce n’est pas évident financièrement et techniquement et une telle attaque se heurterait à nouveau à une forte résistance de la part des accompagnateurs de train et des conducteurs.

Quoi qu’il en soit, l’issue de cette bataille affectera également les chemins de fer belges. Une défaite ne ferait que motiver nos adversaires à faire une nouvelle tentative. Une victoire, en revanche, les démotiverait et renforcerait notre position. D’où l’importance de la solidarité internationale.

Que pouvez-vous faire ?

Envoyez une déclaration de solidarité à

vildstrejkpendeln@hotmail.com
avec en copie : rs@socialisterna.org