Développer ensemble un plan d’action pour arracher plus de moyens

Impossibilité de prendre des vacances, cadences infernales, manque de matériel, réformes contre-productives, avenir incertain… Tout le monde s’accorde à dire que la situation des chemins de fer est désastreuse. Si nous ne voulons pas laisser notre avenir aux mains de gestionnaires peu scrupuleux, nous devons agir collectivement. C’est la raison de la grève du 5 octobre.

Cette grève entend mettre le gouvernement sous pression pendant le conclave budgétaire. La situation budgétaire du chemin de fer est catastrophique. Au début de son mandat, le ministre de la Mobilité a réussi à faire illusion en annonçant une série d’investissements, principalement dans les infrastructures. Mais ce gouvernement n’est jamais revenu sur les coupes budgétaires des gouvernements précédents. Les budgets ont été engloutis par la crise du COVID, et maintenant par la crise énergétique. Les propositions du ministre exprimées dans sa « Vision 2040 » nécessitent beaucoup plus d’investissements, alors qu’il n’est même pas certain que la SNCB continue à remplir ses missions de service public.

Les patrons de la SNCB et d’Infrabel estiment qu’ils auront besoin de 3,4 milliards d’euros supplémentaires au cours des dix prochaines années. Ce chiffre ne comprend pas d’enveloppe pour le personnel, alors que les salaires n’ont pas été augmentés depuis 2008 et que les conditions de travail n’ont fait que se dégrader. À tel point que le nombre de collègues qui démissionnent d’eux-mêmes est en augmentation constante.

Pour un véritable cahier de revendications

Le front commun syndical exige à juste titre plus de personnel, mais il ne sert à rien de recruter du personnel si les gens repartent immédiatement. Les conditions de travail doivent être bien meilleures. Une grève ne peut avoir lieu sans un ensemble clair de revendications, avec des objectifs concrets pour tous les cheminots et pour chaque secteur :

• Une augmentation fondamentale des salaires.
• Une date limite à laquelle une demande de congé doit être automatiquement acceptée.
• De nouvelles mesures pour un équilibre sain entre vie professionnelle et vie privée.
• Des investissements fondamentaux dans l’infrastructure et les ressources humaines afin de fournir et de développer l’offre promise.

En élaborant une telle liste de revendications de manière démocratique et transparente, nous pourrions convaincre davantage de collègues d’entrer en action. Il faut dire que les trois syndicats ont attendu longtemps avant de soudainement se mobiliser… Le flou autour du plan d’action actuel suscite la méfiance et certains collègues ne se concentrent plus que sur les problèmes de leur propre catégorie professionnelle. Mais nous sommes plus forts ensemble, y compris pour aborder ces questions spécifiques. Il est préférable de rédiger ensemble notre paquet de revendications, une approche unifiée permet de lutter contre la division. Notre plan d’action doit reposer sur des victoires à arracher.

Pour un véritable plan d’action

De nombreux collègues craignent que le plan soit abandonné à la moindre concession du gouvernement. Compte tenu de la situation budgétaire, il ne sera pas facile d’obtenir des fonds pour un protocole social ambitieux. Alors que l’argent ne manque pas ! Les milliards d’euros versés aux actionnaires peuvent être utilisés pour concrétiser nos revendications. Augmenter la pression ne suffit pas, nous avons besoin d’un plan d’action qui renforce le rapport de forces dont nous avons besoin pour imposer le respecter de nos revendications.

Le 9 novembre, une grève générale sera organisée par tous les secteurs pour soustraire les prix de l’énergie aux griffes du marché et exiger de meilleurs salaires. Nous pouvons nous y préparer par des actions intermédiaires. Par exemple, avec des assemblées générales du personnel ouvertes à tous les collègues, qu’ils et elles soient syndiqués ou non, couplées à des arrêts de travail.

Il y a quelques jours, l’association francophone Navetteurs.be a publié le communiqué de presse suivant : « […] nous sommes entièrement d’accord avec les revendications de tous les syndicats. Si les utilisateurs veulent voyager dans de bonnes conditions, ils ont besoin d’un équipement fiable, d’une infrastructure solide et d’un personnel suffisant […] ». Le contraste entre les promesses des ministres et la réalité du terrain n’a fait que s’accentuer, tant pour le personnel ferroviaire que pour les usagers.

L’explosion des prix de l’énergie illustre les conséquences désastreuses d’une politique qui laisse tout « au marché ». Nous devons stopper les projets de libéralisation et de privatisation et défendre des investissements publics massifs dans un service public ferroviaire. Utilisons la grève du 5 octobre comme point de départ d’une nouvelle stratégie pour arracher les moyens dont les transports publics ont si désespérément besoin.