Les partis de droite espéraient que l’introduction du service minimum permettrait de révéler à quel point les grèves ne bénéficient pas de soutien parmi le personnel. C’est tout l’inverse qui a été démontré ce 19 décembre. La direction a fait valoir que près d’un tiers des trains circulaient, mais a dû reconnaître en même temps qu’une grande majorité du personnel était en grève. Il n’y avait pas de différence fondamentale dans la volonté d’agir entre la Flandre, la Wallonie et Bruxelles. Ainsi, à Anvers, près de 80% des accompagnateurs de train étaient en grève. Le personnel des guichets et le service de sécurité Securail y étaient également en grève.
Après des années d’économies sur le rail, la colère est profonde. Avec 30 % de personnel en moins, comment peut-on offrir un service décent avec 50% de voyageurs en plus ? L’été dernier, les accompagnateurs de train ont même dû faire grève parce qu’ils ne parvenaient pas à prendre le congé qui leur revenait de droit ! Et maintenant, la direction veut encore plus réduire le personnel. Dans le cadre des négociations d’un accord social, la direction souhaite supprimer progressivement le statut et employer de nouveaux travailleurs à des conditions moins favorables, notamment en prolongeant la semaine de travail. Selon la direction, il est ors de question d’augmentation le salaire minimum, ce qui serait pourtant une première depuis 10 ans. L’argent ne manquait cependant pas pour augmenter le nombre de membres du conseil d’administration.
La pénurie de personnel se fait sentir dans toutes les catégories professionnelles. Au piquet de grève d’Anvers-Berchem, un des sujets abordés était la situation désastreuse des guichetiers, qui souvent ne savent pas à l’avance quand ils devront travailler et ne sont parfois que deux pour tenir les guichets. Les conducteurs de train sont « hors série » quelques mois par an, durant lesquels ils ne savent pas non plus quand ils doivent travailler, mais contrairement au passé, ils n’y a pas de place pour quelques jours de repos. Et tant pis pour la vie sociale. Mais la direction s’en moque. D’une logique de service à la communauté, le management va de plus en plus loin dans la logique d’une entreprise privée.
Le soutien dont qu’on reçu les grévistes aux piquets de grève démontre que les voyageurs se rendent bien compte de la situation. Lorsque des passagers passaient pour prendre les quelques trains qui roulaient, essentiellement aux heures de pointe, les réactions négatives étaient extrêmement minimes, surtout en comparaison des politiciens et des médias traditionnels. C’est logique, n’importe quel voyageur sait que les problèmes sont nombreux. Les passagers sont eux aussi fatigués du manque d’investissements dans de bons services.
La question par excellence sur les piquets étaient de savoir comment continuer. Il n’y a pas eu de réponses concrètes, sauf que le plan d’action sera poursuivi en janvier. Lors du point d’information à la gare d’Anvers-Berchem, un militant a proposé de formuler des revendications offensives qui ne se limitaient pas aux salaires, mais qui comprenaient aussi, par exemple, la demande de 3.000 recrues statutaires supplémentaires afin de remédier à la pénurie de personnel et d’améliorer le service. Ce serait une excellente revendication à défendre lors des réunions du personnel des différentes catégories professionnelles, là où un plan d’action peut être proposé et voté. Lors de ces réunions, les revendications spécifiques des différentes catégories professionnelles peuvent également être élaborées. De cette façon, la participation aux actions peut être accrue.
Il était très clair hier que la volonté d’agir ne manque pas, y compris en allant au-delà des frontières syndicales, mais aussi avec l’implication d’autres secteurs. Les problèmes s’accumulent partout : la politique d’austérité suscite le mécontentement dans tous les domaines. Il est grand temps de se battre !