Le patron de SNCB, Jo Cornu, a publié ses chiffres sur le ‘coût’ de la grève du 30 juin. Il disait qu’elle coute au moins 1,3 million d’euros à la SNCB, par les titres de transports non vendus. « Je veux communiquer de la façon la plus transparente », ajouta-t-il. Il mettait en avant que la grève augmenterait encore la dette de la SNCB. « Nous devons tenter de limiter la dette avec toute une équipe. Celui qui fait grève, rend ce processus plus difficile. »
De cette manière, Cornu essaie de faire porter la responsabilité de la dette historique de l’entreprise par le personnel. La mauvaise gestion et le gaspillage d’argent par des managers comme Cornu et, de façon plus structurelle, le sous-financement des chemins de fer, ne sont pas pris en compte. Ces dernières années, les subsides de l’état ont été réduits plusieurs fois à cause de l’austérité tandis que le nombre de voyageurs n’a cessé d’augmenter. Compté en kilomètres par voyageur, les subsides reculent à cause de l’augmentation du nombre de voyageurs. Nous devons faire de plus en plus avec moins de moyens et moins de personnel.
La grève du 30 juin était entre autre liée au manque de personnel qui fait que des jours de congé et de compensation ne peuvent plus être pris. Dans la pratique cela signifie que le personnel travaille plus que les 36 heures par semaine qu’il devrait normalement prester. Des 37.500 équivalents temps plein prévus, seul 33.922 sont attribués aujourd’hui. Cela signifie un manque de personnel de 3.500 unités.
En laissant ces 3.500 emplois non-attribués, la SNCB fait une économie de 105 million d’euros par an sur le dos du personnel – en donc aussi sur le dos de la qualité du service. Ceci en comptant des salaires annuels modestes de 30.000 euros brut. Les économies sur le personnel sont donc 80 fois plus élevées que le coût prétendu de la grève. La direction prend 105 million d’euros de nos poches pour ensuite se plaindre qu’elle prétend souffrir de 1,3 million de dégâts parce que nous ne l’acceptons pas.
Ce n’est d’ailleurs pas la faute du personnel et des syndicats s’il n’y a pas de solution pour le manque de personnel. Il y a eu un effort maximal de la part des syndicats pour le dialogue, mais la direction a rompu de plus en plus d’accords sociaux. Avec l’action de grève, le problème a été mis sur la table de manière visible. Si la direction respectait ses promesses, il n’y aurait pas eu d’action de grève. Alors, à qui la responsabilité ?
Cornu argumente que le nouveau plan de transport va couter des millions d’euros. Il faudrait des changements structurels pour améliorer la ponctualité, par exemple avec des temps de retournements plus longs. Mais ce plan de transport est une opération d’économies avec une diminution du nombre de trains, la réorganisation des services pour payer moins de primes … Seul les lignes les plus rentables sont intéressantes pour la direction qui n’a pas d’attention pour la qualité du service. Le défi central pour Cornu n’est pas d’offrir un service public sûr, mais de transformer la SNCB en entreprise « compétitive ». Pour cela, il est non seulement prêt à mentir (on pense aux soi-disant 53 jours de congé pour le personnel des chemins de fer), mais aussi de se profiler comme un véritable provocateur néolibéral professionnel. Au lieu de voir les transports en commun dans la logique du marché, elle doit être vue comme un service public, qui est d’ailleurs une partie de la solution pour l’énorme problème de mobilité et d’embouteillages.
Si Cornu veut communiquer de façon transparente sur les couts, nous attendons avec impatience une explication sur les chiffres suivants. Les syndicats se sont toujours opposés à la scission de la SNCB. En 2005, les chemins de fer ont été divisé en société de transport, entreprise d’infrastructure et holding. En 2011, l’ancien patron du holding, Jannie Haek a déclaré : « La scission de la SNCB coute annuellement 50 à 100 millions d’euros et ne rapporte quasi rien. » En 2012, la Cour des comptes à rendu public que, dans les 7 années précédentes, la SNCB a dépensé 837 million d’euros à de la consultance externe ( Et si une journée de grève coute 1,3 million d’euros en titres de transport non vendus, les transports en communs gratuits couteraient annuellement moins de 500 million d’euros …) Tout cela ne pose pas de problème pour Cornu, mais 1,3 million d’euro suite à une journée de grève, ça vaut l’attention de toutes la presse!
La perte de revenus à cause de la grève ne pèse pas plus lourd que les économies basée sur le maintien conscient du nombre d’agents en dessous du niveau promis. Celui qui perd le plus au niveau financier à cause d’une grève, c’est le personnel en grève. Un jour de salaire perdu pour se battre pour engager de nouveaux collègues et donc pour un meilleur service. Pour la direction, un service de qualité est un facteur de coûts, pour le personnel, c’est quelque chose pour lequel on se bat