L’expérience bien peu couronnée de succès du train Fyra faisant la liaison entre Bruxelles et Amsterdam symbolise toute la faillite du rail libéralisé. Ce projet a enterré une ligne ferroviaire abordable et populaire pour faire place à une alternative coûteuse sur une base purement commerciale qui a, dans les faits, limité l’accès à la mobilité. Alors qu’il était précédemment évident de voyager en train entre grandes villes de pays voisins à bon marché, ces trajets sont devenus un luxe.
Elus et dirigeants des chemins de fer ont palabrés des heures durant pour savoir qui était responsable de la catastrophe Fyra et des multiples pannes du train à grande vitesse. Ils ont tenté de refiler la patate chaude au constructeur, qui le leur a renvoyé à la figure. Le problème est toutefois bien plus profond. Les chemins de fer constituent un service important, dont la priorité devrait être d’offrir une mobilité abordable et respectueuse de l’environnement. Mais la libéralisation garantit que seuls comptent les profits, au nom de quoi sont sacrifiés le renouvellement d’équipements, l’entretien, le personnel,… Bref, toutes les conditions qui permettent de rendre décente la prestation de service.
Aucun politicien ne rejette la logique de libéralisation, tous sont responsables de la dégradation du service. Certains voudraient même aller encore plus loin et affirment qu’il ne devrait de toute façon même pas avoir de transport public (c’est la position du manifeste de l’Open VLD). L’argument suivi est que le service public est de mauvaise qualité, mais c’est la politique de sous-investissement systématique qui est responsable, pas le caractère public du service. Ce raisonnement erroné a pour unique justification de faire plus facilement avaler la libéralisation. La politique d’austérité assure que les prix des transports en commun ne cessent d’augmenter. Les bus et métros ne sont ainsi dorénavant plus gratuits pour les plus de 65 ans en Wallonie et à Bruxelles, et le principe est actuellement menacé en Flandre. Pour le personnel et les usagers, des transports en communs gratuits et de qualité représenteraient un gigantesque pas en avant. Au-delà des tensions et du mécontentement que cela impliquerait, ce serait aussi une excellente mesure pour réduire l’engorgement du trafic automobile, sans parler de la protection de l’environnement.
Aujourd’hui, la majeure partie des moyens des transports publics sont issus de subventions gouvernementales et non du revenu de la vente des tickets. Toutes sortes de politiciens trouvent cela scandaleux et veulent nous faire payer plus encore. Le coût social de la pollution et des embouteillages n’est bien entendu pas pris en compte dans ce raisonnement à courte vue que partagent les topmanagers des sociétés de transports en commun et les politiciens de l’establishment. Les problèmes de mobilité les concernent fort peu, ils ont de toute manière un chauffeur.
Usagers et personnel ont des intérêts identiques à défendre et doivent lutter de concert contre toutes les économies et pour des transports en commun gratuits et de qualité !