La soif de profit est un danger pour le rail !

26wetteren2-300x169La cinquième catastrophe ferroviaire depuis la libéralisation du transport ferroviaire de fret en Belgique démontre quelles en sont les conséquences. Des centaines d’habitants ont dû être évacués, certains n’ont pu rentrer chez eux que des semaines plus tard. Il y a même eu un mort. L’impact exact de la pollution causée par la catastrophe ne peut pas encore être estimé. Mais il s’agit bel et bien d’une catastrophe sociale et écologique.
La plupart de l’attention a été accordée aux conséquences de la catastrophe de Wetteren et à la manière dont ces conséquences pourraient être évitées. La communication chaotique du gouverneur NVA de Flandre occidentale a aussi été soumise à débat au parlement. Il est évident qu’en cas de catastrophe il est important d’organiser un plan de secours urgent, ce qui implique que suffisamment d’investissements aient été réalisés dans les services de sécurité (pompiers, protection civile…).

On n’a par contre accordé que très peu d’attention aux causes de cette catastrophe. Comment un tel accident a-t-il été possible ? Là où on en a parlé, on s’est uniquement soucié de la responsabilité individuelle du chauffeur néerlandais qui roulait apparemment trop vite. Ce dont on ne parle pas du tout, c’est que le transport de fret à tous les niveaux est de plus en plus en train de passer entre les mains de véritable cow-boys pour qui la sécurité est un “coût” qui pèse sur leurs profits.

Le transport ferroviaire est potentiellement un des moyens de transport les plus sûrs au monde. Mais il faut alors investir correctement dans l’entretien de l’infrastructure et organiser ce transport de la manière la plus sûre possible. C’est impossible en laissant aux commandes les divers opérateurs privés en concurrence les uns avec les autres, chez qui le personnel est de moins en moins bien payé et le matériel de plus en plus usé. La situation du transport routier, avec des chauffeurs de poids lourds venus de pays à bas salaires, menace de s’introduire dans les chemins de fer. Avec des cargaisons aussi dangereuses, c’est totalement irresponsable.

Il y a eu cinq accidents depuis début 2012. Les mesures de sécurité destinées à prévenir les accidents (investissement dans de meilleurs systèmes de sécurité, dans un véritable entretien et dans un personnel attentif et bien formé au niveau des conditions de travail, de la formation et du salaire) ne s’accordent pas avec la libéralisation. Là, seuls comptent la concurrence et le profit.

Au lieu d’économiser sur le dos du personnel et de la sécurité, il faut un nouveau plan d’investissements publics. Dans les entreprises dont la production est dangereuse, on a établi des normes très strictes, mais ces règles (comme la norme Seveso) ne concernent pas le transport. Avec la politique actuelle de privatisation, il ne faut s’attendre à aucun changement. L’unification européenne ne signifie aujourd’hui malheureusement pas que nous allons suivre les mêmes normes de sécurité dans tous les pays, mais uniquement une unité dans la soif de profits. Un dispositif de protection uniforme du transport ferroviaire serait pourtant un énorme pas en avant qui entraînerait moins d’erreurs humaines dans la gestion du trafic. En ce qui concerne le transport de cargaisons dangereuses, il faut engager plus de personnel, afin de limiter encore les risques.

Il était possible d’éviter la catastrophe de Wetteren, et il n’est pas trop tard pour éviter des catastrophes similaires dans les mois à venir. Mais cela requiert un revirement drastique. Le personnel est le mieux placé pour savoir comment optimaliser la sécurité, il doit – de concert avec la société en général – reprendre le contrôle et la gestion du rail. Lutter pour un transport public orienté vers la satisfaction des besoins de chacun – y compris aux niveaux de la sécurité et de l’environnement – fait partie intégrante de la lutte pour une autre société.

Les commentaires sont fermés.