Conférence : Buizingen, deux ans après

Ce mercredi 15 février, une conférence s’est tenue à l’Université de Mons au sujet de la catastrophe ferroviaire de Buizingen. Le débat qui a suivit opposait des victimes, des cheminots et des délégués syndicaux aux représentants de la direction de la SNCB. L’administrateur SNCB Marc Descheemaecker n’ayant pas trouvé le temps de rendre hommage aux victimes, son représentant et son homologue d’Infrabel ont dû essuyer les critiques et les accusations de négligence de la part de leur société par les victimes et leur famille.

Bien que l’enquête parlementaire n’ait pas rendu son verdict final (le procès devrait seulement avoir lieu en 2014), il a clairement été démontré que le conducteur du train n’a pas brûlé de feu rouge et qu’on ne peut imputer l’accident à l’erreur humaine. Il est clair que c’est le sous-investissement dans du matériel neuf et fonctionnel ainsi que dans des systèmes de freinage plus performant qui sont les responsables.

Mr Gilson d’Infrabel annonce l’équipement du TBL1+ sur tout le réseau pour 2015 et du système ETCS pour 2025. On est en droit de se demander pourquoi cela prend autant de temps ! Réponse de l’intéressé : le coût de l’équipement !

Plus de la moitié des trains ont plus de 30 à 50 ans sur le rail belge, les signalisations sont parfois vétustes et les systèmes de freinage d’urgence obsolètes. Les investissements entrepris ces dernières années par le chemin de fer belge n’ont pas touché la sécurité mais bien dans le prestige, comme c’est le cas avec la nouvelle gare de Liège Guillemins. Les profits grandissants réalisés par l’entreprise ne sont pas assez investit pour le confort ou la sécurité des voyageurs, ils servent à payer la série de topmanagers supplémentaires arrivés après la scission du groupe SNCB en 2005.

Libéralisation à grande vitesse

La dotation attribuée par le gouvernement à la SNCB pour l’année 2012 devrait s’élever à 1,7 milliard d’euros selon La Libre. Il s’agit d’argent public avec lequel la société doit investir dans du matériel roulant par exemple. De toutes les entreprises publiques du pays, le groupe ferroviaire SNCB apparaît comme le plus gâté au regard de la dotation financière qu’il perçoit de l’Etat fédéral.  Mais malgré les profits et les dotations, la direction demande aux employés plus de flexibilité horaire, plus d’heures de travail et le personnel qui veut partir en retraite se voit refuser sa demande pour cause de sous effectif.

La société est gérée comme une entreprise privée où seuls comptent le rendement et le profit maximal, au détriment des cheminots et du personnel accompagnant qui enchaînent des cadences infernales allant parfois jusqu’à 9 heures sans pause ! Et avec les nouvelles mesures européennes de libéralisation du rail, les patrons veulent leur demander de passer à 11 voir 13 heures afin de rester compétitifs.

Des transports publics de qualité

La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si on peut encore prendre le train sans risquer un autre accident comme celui-ci.

Tant qu’un service public sera géré comme une entreprise privée où c’est toujours la loi du profit qui dirige, on peut être inquiet tant pour les conditions de travail des employés que pour notre sécurité. Le train devrait rester un service public, gratuit, bénéficiant de confort et de places assises en suffisances. Il est urgent que des voix s’élèvent contre le démantèlement de tous nos services publics du fait des politiques européennes et du gouvernement belge.