Ce mercredi 09 novembre, un mouvement de grève a débuté dans les ateliers de la SNCB. Celui-ci a réagi à l’adoption du premier paquet ferroviaire le 15 novembre et des inquiétudes du personnel liées au plan Be Lean. Ce mouvement a également des racines plus profondes, puisqu’à Salzinnes, il y avait 1300 travailleurs il y a 30 ans, tandis qu’ils ne sont plus que 714 aujourd’hui. Alors que l’on prévoit une augmentation du nombre de passagers dans l’avenir, on sait que dans les 10 ans à venir, 50% du personnel de Salzinnes va partir en pension.
La pyramide des âges dans l’atelier de Salzinnes a été fortement affectée par le plan De Croo qui s’est traduit par une période de 10 ans sans recrutement. C’est dans ce contexte que nous avons été interviewer un délégué de CGSP-Cheminots pour l’atelier de Salzinnes.
Quelle est la raison de cette grève ?
« Il y a 3 raisons principales à cela. La première, c’est le plan d’économie qui prévoit une augmentation de la productivité de 4% par an jusqu’en 2015. Nous soupçonnons une volonté de la direction de vouloir augmenter la productivité et donc la pression sur les travailleurs et de diminuer le personnel via le non remplacement. Ce sera sûrement en fait un mélange des deux.«
« Notre deuxième inquiétude concerne l’adoption au Parlement de l’Union Européenne du premier paquet ferroviaire. Il y a une volonté d’open-acces, c’est-à-dire que tout opérateur pourrait faire entretenir son matériel dans les ateliers de Salzinnes au prix du marché. Cela va rendre le travail des cheminots plus difficile. De plus, la structure de l’atelier à Salzinnes est particulière : elle compte 714 travailleurs actuellement, 7 hectares de bâtiments, 21 hectares de terrains. Tout cela a un coût puisqu’il faut différents services liés à l’entretient, à l’administratif, au service logistique, à la recherche et développement. Travailler au coût du marché avec une telle structure est difficilement tenable.«
« La troisième raison est la philosophie Be Lean, mais en fait tout est lié en ce qui concerne Be lean et la volonté de faire des économies. Ce plan aura pour effet d’augmenter la productivité, d’augmenter la pression sur le travailleur et on va voir de plus en plus de non-remplacement. On peut déjà voir à l’œuvre cette philosophie dans les chaînes de montage. De plus, dans ce plan, qui se veut participatif, le travailleur doit lui-même amener des pistes d’amélioration.«
« Ce plan est mis en place d’une telle manière qu’il rend la mobilisation difficile. En effet, il y a un phasage par section afin que l’ensemble des travailleurs ne soit pas au courant directement. La direction a une volonté d’éviter les coupes sombres, ils préfèrent une manière plus douce, plus lente mais le but reste le même j’insiste, l’augmentation de la productivité avec par exemple un listing des malades, etc.«
Quelle est l’ambiance dans les ateliers ?
« L’ambiance est assez morose, beaucoup de travailleurs ici on 20, 30 ans d’ancienneté, ils ont vécu, année après année, un ensemble de réformes qui n’a pas tout montré leur efficacité, et c’est peu dire !«
« Il y a un questionnement par rapport à l’avenir de l’atelier de Salzinnes car beaucoup partent et peu rentrent. La question c’est donc quand est-ce qu’on ferme. Il faut donc rassurer le personnel et dire qu’on ne fermera pas Salzinnes, on ne peut pas abandonner, il y a des jeunes derrières.«
Quel est la suite de ce mouvement, y a-t-il un plan d’action ?
« L’activité syndicale n’arrête jamais, on attend la réaction de la direction sur le plan. S’il ne bougent pas on remettra ça. Pour 2012, il est prévu une augmentation de la charge de travail de 10%, cela n’est pas tenable car il y aura cette même année 40 personnes qui vont partir à la retraite sans compter les mutations. Cela veut dire qu’il y a un risque de sous-traitance.«
La radio a fait hier mention d’un piquet de « tradition » à Salzinnes, pouvez-vous me dire un mot sur cela ?
« Il y a toujours eu une certaine tradition de lutte à Salzinnes. Lors des actions, on met systématiquement un piquet, cela a pour but d’impliquer le personnel dans la lutte et de montrer que le site est bloqué. Avec le temps, il n’y a plus d’opposition, ni de critique ce qui renforce le mouvement de grève dont le piquet est l’expression. Cela rend le mouvement clair pour tout le monde, le personnel comme la direction. Personne n’y déroge, on ne rentre pas !!«
(Alain, Namur)