Vendredi dernier, la gare de Namur a été bloquée par des cheminots de la CGSP voulant protester contre le plan de restructuration du trafic marchandises. Dans une lettre aux chemninots CGSP, la situation était résumée comme suit: »dans les différentes entités du groupe SNCB, dans les différents sièges de travail, la tension devient tellement palpable qu’on est véritablement en droit de se demander par quelle alchimie les trains roulent et surtout pour combien de temps encore? »
Concrètement, l’action de ce vendredi concernait la réduction de l’actvité de frêt en gare de Ronet, une décision prise par la SNCB Logistics, qui gère maintenant le transport de marchandises. La direction affirme régulièrement qu’il faut »respecter les règles pour préserver la bonne entente ». Mais ça, c’est juste pour critiquer les actions de grève. En termes de »respect des règles », la direction n’a de leçons à donner à personne. A l’époque de la création de B-Logistics, en février, l’accord prévoyait le maintien de 33 personnes à Ronet. Et là, sans la moindre discussion, il est question de supprimer tous les postes. Les syndicats ont même été informés de la décision définitive par la presse…
Plus globalement, au piquet de ce vendredi, des syndicalistes nous ont expliqué que »les attaques viennent de partout, les travailleurs n’ont plus aucune confiance en la direction. » Très vite la discussion a donc quitté le cas spécifique de la gare de Ronet pour aborder les possibilités d’une action plus globale, impliquant tous les cheminots et capable de créer la solidarité chez les usagers. Après les emplois supprimés à Ronet, on sait que d’autres attaques arriveront ailleurs. Déjà maintenant, les problèmes sont nombreux à Patrimoine (qui gère le patrimoine immobilier de la SNCB et son entretien), chez B-Logistics, chez les conducteurs, aux guichets, à l’entretien,… On nous explique ainsi que sur 220 »képis bleus » (les sous-chefs de cabine), il y a pas moins 9.000 jours de congé à récupérer, soit l’équivalent de 32 temps plein! C’est la logique actuelle de la SNCB, aller vers la fermeture progressive des gares trop peu fréquentées, des guichets,… Bref, quitter le service rendu au public et entrer dans la logique purement commerciale d’une entreprise qui vise prioritairement à satisfaire ses actionnaires.
Concernant les cheminots, la CGSP défend notamment la revalorisation barémique de tout ses agents, l’aménagement des fins de carrière ou encore la volorisation des travailleurs de la voierie (dont le travail n’est toujours pas considéré comme un travail lourd!). Mais c’est surtout l’engagement de personnel qui est crucial, en préservant le statut du personnel. Un militant nous explique : »dans la structure gérant le patrimoine immobiler, une seule personne partant en pension est remplacée sur trois! Dans les faits, un seul statutaire est réengagé, et on fait de plus en plus appel au privé, avec des travailleurs moins bien payés et avec de moins bonnes conditions de travail. Et dans les cabines de sécurité, c’est encore 2.000 emplois qui seront menacés dans un avenir proche. » Un autre travailleur nous affirme »je n’ai aucun doute, nous serons bientôt sous les 30.000 équivalents temps plein. »
Dans les discussions au piquet, il est encore beaucoup question de l’arrivée d’un projet similaire aux tristement célèbres plans »géoroute » qu’ont connu les travailleurs de La Poste, dorénavant Bpost. Il a donc très logiquement été aussi question de la manière dont la lutte a été organisée à La Poste contre Géoroute et les fermetures des divers bureaux de poste. Là, malgré l’ampleur des attaques, il a fallu longtemps pour avoir une action nationale et durant des années les actions ont été limitées à des grèves ou actions bureau par bureau. Dans le même ordre d’idée, il est primordial d’avoir rapidement un plan d’action démocratiquement élaboré capable de s’attaquer à la démolition de nos services publics et des conditions de travail du personnel.
Concernant les militants de la CSC, des syndicalistes déplorent le manque de front commun »au sommet, on sent que les choses se crispent. Mais chez nous, dans les dépôts, on voit bien que les camarades de la CSC sont d’accord avec nous. Ce qui fait la différence au niveau de l’affiliation, c’est bien souvent le délégué, sa combativité, son charisme, sa manière d’aborder les choses. Ce n’est pas comme si il y avait une mentalité fondamentalement différente à la CSC par rapport à la FGTB. Alors oui, l’unité est possible. »
Un préavi de grève national serait actuellement en discussion, nous espérons bien entendu vivement qu’il sera concrétisé et que cette journée d’action sera aussi utilisée pour mener campagne vers les usagers, qui eux aussi souffrent de la logique actuelle dans nos transports en commun.