A Bruxelles tout est arrêté

Mercredi soir déjà, c’était clair. Beaucoup plus de monde était cette fois-ci présent au piquet à Bruxelles Midi que lors de grèves précédentes. Il y avait des militants CSC-transcom, mais surtout des cheminots CGSP. Malgré la propagande de la presse, l’enjeu de la grève n’est des moindres. Si les projets de la direction sont concrétisés, nous pouvons nous attendre à son extension à toute la SNCB petit à petit, ce qu’il ne faut pas expliquer au piquet. Il n’est donc pas étonnant que cette grève, superflue selon la presse, soit tellement portée par le personnel. Est-il influencé par la gauche radicale? Nous l’aurions bien voulu, mais malgré les efforts déployés par la direction pour le faire croire, pour le moment, les cheminots ne sont pas engagé dans une voie idéologique, ils ne font que défendre leurs emplois et leurs salaires comme vous et moi.

Le tract du PSL à néanmoins été fort bien reçu Même le sommet syndical, du côté des rouges tout du moins, lit dorénavent « l’Alternative Socialiste ». Cela avait certainement à voir avec notre délégation de solidarité impressionante, composée de militants de divers secteurs dont des enseignants et deux des colloborateurs de notre Parlementaire européen irlandais, Joe Higgings. Ces militants sont maintenant armés de réponses concrètes face aux mensonges de la presse utilisés contre leur secteur et leurs collègues.

Ce mercredi matin, l’attitude des voyageurs face à notre tract n’avait pas été différente. On pouvait trouver beaucoup de compréhension pour la grève. Ceux qui travaillent dans le privé, le non-marchand, l’enseignement ou d’autres transports en commun comme les bus savent bien ce que signifie l’introduction de différents statuts. Nous n’avons d’ailleurs trouvé aucun voyageur qui adhère à la ligue fantome « des usagers des trains, trams et bus ». Quelqu’un saurait-il nous présenter un de ces « utilisateurs » en chair et en os? Ou alors ne sont-ils vraiment que des fatômes qui ne vivent dans la presse qu’en cas de grève, et même alors uniquement sous la forme de communiqué de presse?

Que des journalistes poussent un micro sous le nez du rare voyageur qui arrive en gare en pleine journée de grève pour que ce dernier puisse vomir toutes sa frustration devant toute la Wallonie et Bruxelles, nous pouvons à la limite encore le comprendre. Mais que cette même presse prétende ensuite que ceci illustre l’opinion de la Wallonie et de Bruxelles, cela dépasse les bornes. Qui est-ce que l’on trouve dans une gare après toute une semaine d’avertissements pour cette grève dans tous les médias? Cela peut arriver à tout le monde mais… oui, à ceux-là en premier.

A Bruxelles-Nord aussi, cela n’a cette fois-ci pas duré longtemps pour mettre tout à l’arrêt. Beaucoup de monde au piquet, mais pour ne pas faire beaucoup plus que constater qu’aucun train ne roule. Les quelques traditionnels jaunes n’ont rien pu faire, et leurs collègues n’ont pas eu besoin de piquet pour être convaincus de la grève, ils étaient déjà restés chez eux.

Le jeudi matin, la grève était manifeste. A Bruxelles, son centre de gravité était autour de la gare du Midi avec des piquets aux bâtiments de la direction, rue de France, au dépôt des accompagnateurs de train et à l' »Atrium », le quartier général de la SNCB, Porte de Hal. Cette fois, tout était fermé, y compris ce qui en général reste intact lors de grèves. Les grévistes n’avaient pas beaucoup de boulot. Au plus devaient ils contrôler si un rare jaune n’essayait pas de contourner le piquet. Et, nous l’admettons, certains jaunes sont prêts à beaucoup pour plaire au chef, jusqu’à renverser leurs collègues comme sur une piste de bowling. Mais de cela, ni la FEB, l’UWE ou les « usagers » n’en parlent.

Entre les drôles de simagrées des quelques jaunes, on a surtout discuté au piquet. Sur le fait qu’on avait attendu trop longtemps pour informer le personnel sur le dossier B-Cargo par exemple, ou encore qu’il n’y a pas d’assemblées sur le lieu de travail, ce qui renforcerait pourtant la compréhension des collèguies sur l’enjeu de la grève. Il aurait aussi fallu faire appel aux autres centrales des services publics, et même du privé, pour expliquer la grève et faire contrepoid aux mensonges de la presse. Il est encore regrettable qu’à Bruxelles, les syndicalistes néerlandophones et francophones ne font pas plus de réunions communes. Bref, au piquet, on a réfléchi sur les moyens de renforcer encore la grève.

Apparément, la direction a compris. Après avoir tenu le personnel et les syndicats à la ligne durant des mois, Descheemaeker a commencé à saisir que sans parler, il n’arrivera à rien. Il prétend avoir compris. Espérons que cela vaut aussi pour Haek et Lallemand.