Qui soutient les cheminots ?

Les médias, les partis traditionnels et les employeurs le crient sur tous les toits, certains plus radicalement que d’autres : la grève des cheminots est scandaleuse ! Les propositions vont de l’instauration d’un service minimum (pour lequel il faudrait tout de même 65% du personnel…) à l’exigence que les syndicats aient une personnalité juridique pour pouvoir être obligés de payer une indemnisation. La ministre de la Fonction publique et des entreprises publiques, Inge Vervotte (CD&V), n’est pas favorable à un service minimum, irréalisable, mais elle condamne tout de même les actions et appelle à des mesures contre les actions spontanées. Les employeurs appellent eux aussi à l’instauration d’un service minimum et les médias remplissent leurs pages ou leurs reportages de voyageurs bloqués et d’embouteillages, sans que l’on ne parle beaucoup des revendications on ne peut plus justifiées des syndicats.

Il est frappant que personne n’affirme que la grève aurait effectivement pu être évitée si une proposition de convention collective de travail correcte avait été présentée ; avec une augmentation réelle du pouvoir d’achat, avec une amélioration du statut du personnel de la SNCB, avec une diminution de la pression au travail,… Mais, apparemment, cela n’est pas une option. Qui alors est le coupable de la grève ? Les travailleurs de la SNCB qui sont obligés de partir en grève pour recevoir quelque chose ou le gouvernement et la direction de la SNCB qui préfèrent offrir des baisses de charges et des cadeaux au patronat (ou aux managers, comme on a pu le voir avec Descheemaecker, le dirigeant de la SNCB qui a voulu s’augmenter de 30.000 euros) ?

Y-a-t-il encore quelqu’un pour soutenir les 37.000 cheminots dans leur grève, à l’extérieur de leurs propres syndicats ? Oui, mais rien ne doit être attendu des médias bourgeois, des politiciens traditionnels et des employeurs. Les voyageurs sont l’allié le plus important du personnel. En définitive, ces voyageurs sont aussi des travailleurs confrontés aux mêmes problèmes, ils voient eux aussi leur pouvoir d’achat chuter et leur charge de travail augmenter. Les travailleurs ont eu à souffrir depuis des années des économies et des libéralisations dont ont été victimes les services publics, entre autres la SNCB. Les frais doivent être aussi faibles que possibles en personnel, en sécurité et en qualité… Tout cela dans le but d’attirer des investisseurs du privé dont l’argent sera le bienvenu pour donner des baisses de charges… à ces mêmes investisseurs privés! Les voyageurs et le personnel ont des intérêts identiques, ces deux groupes sont des travailleurs victimes de la même politique néolibérale.

Aucun parti ne soutient aujourd’hui la grève des cheminots et leurs revendications, et c’est regrettable. La FTGB et la CSC doivent tirer leurs conclusions de ce constat et briser leurs liens avec leurs « interlocuteurs privilégiés » du PS, du SP.a, du CDH et du CD&V pour construire un parti qui défende leurs intérêts, un véritable parti des travailleurs. Un parti semblable aurait pu, par exemple, faire des actions (avec les syndicats) vers les voyageurs pour leur expliquer pourquoi il y a grève et pour les inviter à participer à la semaine d’action syndicale 9 au 13 juin sur le thème du pouvoir d’achat.