Une nouvelle fois, on a pu entendre partout dire que les travailleurs de la SNCB prenaient les usagers des chemins de fer en otage. Comme s’ils pouvaient être responsables des économies que la SNCB, main dans la main avec les « responsables » politiques, a réalisé sur leur dos… Ainsi, c’est une logique de profit qui a été suivie, au détriment de la ponctualité des trains et de la sécurité des usagers. Tant le personnel de la SNCB que les voyageurs sont pris en otage par la politique néolibérale.
Les militants du MAS/LSP ont mené campagne à différentes gares du pays en mettant en avant les raisons pour lesquelles les travailleurs étaient en grève (voir le tract) ainsi qu’en parlant plus généralement de la question de la baisse du pouvoir d’achat (voir notre tract sur le pouvoir d’achat et celui sur la crise alimentaire). Le lundi soir et le mardi, des militants du MAS/LSP se sont rendus à plusieurs piquets, quand il y en avait. Il est assez simple aux chemins de fer de bloquer tout, et il n’y a donc pas une grande tradition de piquet de grève. C’est pourtant une bonne occasion de discuter avec ses collègues ou même d’expliquer à des voyageurs « égarés » le pourquoi de la colère des travailleurs.
Durant nos interventions auprès des usagers le lundi soir, nos avons pu remarquer que leurs réactions étaient mixtes. Clairement, la campagne médiatique contre la grève a eu un certain effet. Toutefois, de nombreuses personnes ont aussi marqué leur compréhension, voire leur soutien, vis-à-vis des revendications des cheminots en grève. Ils ont raison ! a-t-on par exemple régulièrement entendu au stand de Bruxelles, tandis qu’à Louvain, nous sommes tombés à court de tracts après de nombreuses discussions avec les voyageurs.
A Liège, 5 exemplaires de notre mensuel, l’Alternative Socialiste, ont été vendus, et 3 jeunes ont laissés leurs coordonnées pour entrer en discussion avec notre organisation. Les tracts autour de la grève de la SNCB ont aussi visiblement bien été distribués parmi le personnel car quand, le lendemain, des militants du MAS/LSP sont venus sur le piquet, des délégués et travailleurs le connaissaient déjà. Parmi les voyageurs, beaucoup de réactions au sujet de la prétendue « prise d’otage » ont disparu dès que la discussion s’est engagée sur le terrain du pouvoir d’achat. Le contraste entre les conditions des travailleurs et les moyens dont dispose la future nouvelle gare de Liège-Guillemins était aussi un élément incompréhensible pour tous…
Parmi personnel, il y avait beaucoup de critiques sur le fait que les actions n’avaient pas été assez bien préparées et que des piquets de grève n’avaient pas été partout organisé. La critique que les directions syndicales n’avaient pas suffisamment cherché à aller vers les voyageurs était aussi largement partagée. Pourtant, les intérêts des usagers vont de pair avec ceux des travailleurs de la SNCB, et il est possible avec eux de renforcer considérablement la position du personnel des chemins de fer. Si le personnel entre en lutte et résiste contre l’augmentation de la flexibilité, contre les temps de battements trop courts en gare, contre le nombre d’heures de travail, contre les risques d’accidents,… alors ils entrent aussi en lutte pour la ponctualité des trains et pour la sécurité des voyageurs.
A la gare de Liège-Guillemins, une quinzaine de travailleurs étaient présents au piquet le mardi matin, en front commun. Nous avons pu vendre 3 exemplaires de notre mensuel tandis que certains nous ont dit suivre régulièrement notre site web. Les militants du MAS/LSP se sont ensuite rendus à une manifestation des travailleurs de l’Association Liégeoise d’Electricité (ALE), où environ un millier de travailleurs de la FGTB étaient présent pour se diriger en cortège vers le siège du PS et réclamer de reprendre la nomination des travailleurs et un meilleur dialogue avec la direction. Le thème du pouvoir d’achat était véritablement central et du podium au départ de la manifestation, des responsables syndicaux ont appelé à se préparer pour les luttes pour le pouvoir d’achat, notamment au cours de la semaine du 9 juin. A cette manifestation, nous avons pu vendre 6 exemplaires de notre mensuel, même si c’était la première fois que nous sommes rentrés en contact avec le personnel de l’ALE. Nos tracts sur le pouvoir d’achat et sur la crise alimentaire, ainsi que nos propositions face à ces problèmes, ont néanmoins reçus beaucoup d’attention.
A Gand, également il y avait un piquet de grève à la gare St Pierre. La CSC et la FGTB étaient présentes avec un groupe de militants, séparés certes, à l’entrée de la gare. Là aussi ont pris place des discussions sur la manière dont les médias ont couvert la grève. Quand les voyageurs sont interviewés, ils répètent souvent ce que les médias ont dit : « c’est quand même terrible qu’un petit groupe prenne en otage le pays » ou encore «l’attitude des syndicats est injustifiable ». Pourtant, on ne le dira jamais assez, la responsabilité de cette grève se trouve directement chez la direction de la SNCB et chez les politiciens traditionnels qui ont augmenté la flexibilité et la productivité sans que ne suivent les salaires avec leur politique de démolition des services publics.
La campagne médiatique a mené à une discussion au piquet à Gand. Ainsi, certains ont mis en avant la possibilité de mener des actions « créatives » ou encore de faire grève le week-end. Comme il n’y a pas de réponse suffisamment organisée sur la manière de faire grève face à un battage médiatique puissant, le doute s’installe parmi le personnel de la SNCB. Les cheminots savent que les propositions de la direction en matière de salaire et de flexibilité sont inacceptables mais d’autre part, ils réussissent à peine à rompre la campagne menée par l’intermédiaire des médias.
Ce conflit ne va pas très vite se terminer. La direction a annoncé une nouvelle proposition pour les négociations d’aujourd’hui, mais la possibilité d’obtenir réellement quelque chose est petite, ce qui signifie que de nouvelles actions vont être nécessaires. La position des travailleurs pourrait être plus forte en organisant leur mécontentement et leur résistance dans une campagne publique avec laquelle ils pourraient impliquer les voyageurs dans une protestation commune pour plus de sécurité et pour des trains qui arrivent à temps en engageant plus de personnel à de meilleures conditions de salaire et de travail.
Le MAS/LSP a été présent à quelques piquets de grève mais dans la plupart des villes, c’est à peine s’il y avait un piquet. A la différence des médias, du patronat et des partis libéraux, nous avons voulu témoigner notre solidarité avec les travailleurs de la SNCB. Dans leurs critiques contre la grève, les médias et les politiciens traditionnels ont affirmé que les transports en commun jouent « un rôle vital ». Apparemment, la direction de la SNCB ne partage pas cette opinion quand il s’agit de son personnel…