Il y a quelques semaines, le groupe SNCB a publié ses résultats financiers. Le résultat opérationnel consolidé a crû de 13,4% en 2007 jusque presque 150 millions d’euros. La dette nette a été stabilisée plus vite qu’attendue et la productivité a crû de 32% de 2002 à 2007. Le PDG du holding en a conclu “qu’il y a de l’espace pour un accord social équilibré mais que la prudence doit continuer à dominer.”
Rien de tout cela dans les propositions venues du deuxième round de négociations, pour lequel la grève de 24 heures du 30 avril avait été suspendue. Les points importants sont restés: extension des tâches des conducteurs (telles qu’atteler et détacher les locomotives), possibilité d’un service de 11 heures dans le transport international de marchandises, adaptation des temps de transition du personnel roulant, limitation des journées de congé à choisir librement par l’introduction de congés collectifs, révision de la réglementation des horaires variables et révision des épreuves de sélection et de promotion.
L’abolition des heures supplémentaires récupérables est limitée à une partie du rang 3 (principalement des universitaires), mais continue à susciter le mécontentement. Il est à craindre que plus tard, ce sera quand même étendu aux autres rangs. En compensation, la direction se dit prête à une révision des barêmes de seulement 320 euros brut par an (à peu près 15 euros net par mois) en 2008 et 2009, une augmentation salariale brut de 640 euros sur 2 ans. Dans la version précédente, c’était encore 750 euros, là sur 3 ans. Selon la direction, le budget pour l’augmentation salariale serait de 40 millions d’euros par an. Dans la version précédente c’était encore 51 million d’euros. C’est largement insuffisant: pas vraiment l’augmentation “forte” que certains journalistes évoquent. Parallèlement, le PDG Marc Descheemaecker, président du comité directeur de la SNCB, s’octroie lui-même une augmentation salariale de 25 à 30.000 euros pour 2008.
Le personnel et les voyageurs paient
De plus, le gouvernement veut une augmentation du nombre de voyageurs pour 2012 de 25% par rapport à 2006. Ceci devrait se faire sans augmentation du personnel, car l’accord social prévoit un effectif moyen de 37.000 équivalents temps plein, soit environ 38.000 travailleurs. En comparaison, en 2007 l’effectif moyen était de 36.702 équivalents temps plein. La productivité est systématiquement tirée vers le haut, le profit s’accroît, mais c’est le personnel qui en paie le prix et qui est, tout comme les voyageurs, confronté à des coûts de plus en plus importants pour les produits de base. Celui qui aime bien des trains archaïques et bourrés, qui aime des retards importants (dûs aux fiches de services trop serrées) et qui aime prendre des risques en terme de sécurité (services de 11h, communication défaillante…) accepte cet accord.
Seule la résistance peut changer le cap
La plupart des navetteurs vivent quotidiennement les conséquences de la flexibilité accrue et de la pression au travail. Le soulagement d’une “bonne retraite” s’est évaporé avec le pacte de solidarité entre les générations, et s’y ajoute maintenant l’augmentation du coût de la vie. L’indexation salariale ne peut suffisamment compenser la perte de pouvoir d’achat. Selon la FGTB “51% de la population active connaît des problèmes financiers. C’est surtout le cas des fonctionaires publics et dans le non-marchand (55%) et parmi les jeunes (55%).” Il existe un groupe de “travailleurs pauvres”, estimé à 20% des répondants.
Un rattrapage n’est possible qu’à travers des revendications salariales considérables, pas par une baisse des charges comme le gouvernement le propose, mais pas une hausse effective des salaires. Il ne s’agit pas des 640 euros brut que la SNCB veut céder sur deux ans. Un euro par heure en plus reviendrait à la SNCB à une augmentation du salaire annuel brut de 1685 euros au lieu des 640 euros. On ne réalise pas ces revendications salariales en laissant échapper un peu de vapeur, mais par un plan d’action démocratiquement élaboré où un maximum du personnel est impliqué. Les grèves spontanées dans diverses entreprises en ce début d’année et la semaine d’action des fonctionnaires flamands étaient un bon début. La FGTB et la CSC organisent une semaine d’action du 9 au 13 juin pour l’augmentation du pouvoir d’achat avec des manifestations provinciales. Nous espérons que cette pression soit maintenue jusqu’à ce que le gouvenement et le patronat s’inclinent.